daredevil

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Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles

Permettez-moi de revenir brièvement sur cette altercation aux caisses automatiques du Leclerc. Ce n'était pas bon. Si je n'étais pas aussi soupe au lait (trait de caractère que j'attribue à mon intempérance, fût-elle de la veille), j'aurais rétorqué à cette mégère que ce qu'elle désignait comme de la patience n'était en fait que de l'indulgence pour la mollesse et l'insouciance à l'égard des clients qui attendaient derrière. Et qu'elle était donc cordialement invitée à revoir sa conception de la patience, voire celle de la résignation. 

Seulement voilà ! Je suis un vieux facilement irascible. Je dis ça, c'est juste pour moi, mon image de moi-même, parce que les gens de son espèce et leur putain de patience à tous les guichets et à toutes les caisses de la terre sont indécrottables.

 

Une Ch'ti 6°2 50 cl, puis la routine.

Encore oublié le titre de la page d'hier, ça le fait pas. Je n'ai aucune difficulté à trouver un titre, qu'il soit en rapport ou non avec le contenu. Par exemple : Comme je descendais des fleuves impassibles, je ne me sentis plus tiré par les haleurs, vous aurez reconnu les deux premiers vers du Bateau Ivre sinon je vous plains. Le troisième servira donc de titre ce soir.

 

Les médias ont balayé la poésie de nos sources d'intérêt, sinon à travers ce que l'on peut en trouver dans quelques chansons bien troussées, généralement peu ou pas diffusées. La place des émotions a été supplantée par celle des sensations, un appauvrissement considérable de nos capacités de perception. La richesse de nos moyens d'acquisition de savoir, d'un savoir la plupart du temps superficiel, aussitôt oublié et remplacé par un autre de même nature, cette fausse richesse nous a appauvri. 

Je ne suis pas Victor Hugo, je ne vais pas fourrager dans les culottes de mes petites-filles et il n'y aura pas un million de personnes à mon enterrement de poète national. Je ne suis pas Rimbaud non plus qui a failli tuer Verlaine, certes, mais n'a pas fait d'esclavagisme comme de mauvaises langues l'ont propagé. Ouais, ça y ressemblait, mais à l'époque en Afrique... 

Je ne suis personne. J'ai adoré ce personnage d'indien dans le 'Dead Man' de Jim Jarmusch, rejeté de sa tribu sous prétexte qu'après avoir été capturé, il avait fait des études en Angleterre, et qui se nommait lui-même Personne car il n'existait effectivement plus aux yeux des gens qui comptaient pour lui. Accessoirement, il y avait Johnny Depp dans le rôle de 'William Blake', confondu par l'indien avec le nom du poète.

Voyez, même quand on n'est personne, on en revient à la poésie.

 

 Les supermarchés, les autoroutes et les aéroports, les taux de meurtres, de suicides et de braquages, les personnes qui se dévouent, la nuit tombée, les bistrots et les bars à putes, les attentats, les billes de verre dans l'aquarium de Georges et Marcel, les mendigots, les politiciens corrompus, les retraités seuls et désabusés, les saloperies qui traînent dans toutes les rues de toutes les villes, le bruit des scooters et le tapage nocturne, les gens devant leur ordinateur, ceux devant leur destin, ceux qui s'estiment sans avenir, les animaux torturés et les abattoirs, les couchers de soleil et les levers pâteux, les enfants qui s'éveillent et le chant des oiseaux, les pièges à ours et les coups montés, les piscines asséchées et les plages désertes, l'arrogance des riches et l'échine courbée des pauvres...

 

La poésie est dans tout cela quand quelqu'un sait la voir et la dire. Moi non. J'aperçois tout cela sans m'y arrêter. Je ne suis pas un poète. 

 

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https://www.youtube.com/watch?v=m1y3OYFpzrk



31/03/2018
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