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Nous sommes dans la merde

Je suis passé chez Hélène à trois reprises à cause de ci et ça (ouais, ce n'est pas Honorine ou Henriette, il y a 75 000 Hélène de par le monde de toutes façons). Pour elle, je suis un révolté, je lui dis " Mais comment ne pas l'être quand vous voyez..." Deux heures après mon lever, quand elle m'a reçu la première fois, j'étais très réactif. Quand je suis repassé la troisième fois après avoir fait chou blanc, j'étais déjà calmé. Je suis rentré chez moi, chargé des restes de nourriture congelés et... Elle me gâte comme si j'étais son propre fils : deux tablettes de Milka et un paquet d'Emmental + un  beurre Président que j'ai refusé. C'est sa façon de s'occuper de mes bêtes, que j'aie de quoi leur acheter de la nourriture par ailleurs. Non, ma mère n'a jamais fait quoi que ce soit qui ressemblât à ça. Ma mère dans ma vie, elle est en négatif. J'ai juste une idée de ce qu'est une vraie mère avec Hélène, et j'espère être à ses côtés dans ses derniers instants si elle lâche la rampe avant moi. Bordel ! Les gens parfois, c'est vraiment n'importe quoi.

 

Je ne vais pas passer la nuit (5 h 03) sur...

 

'La Réalité en Face' page 03 :

 

 Nous sommes dans la merde et c’est tout à fait normal. Le monde y est bien lui, comment se ferait-il que nous qui faisons partie du monde et nous mouvons plus ou moins gentiment à la surface de cette bonne vieille planète n’y soyons pas nous aussi ? Le monde c’est nous non ? C’est moi, c’est l’autre – l’autre con là, qui nous les brise tous les soirs depuis qu’il s’est installé par ici, il en fait partie lui aussi – et le chien du voisin et les plantes en pot de la voisine et le trou dans la chaussée qui bée depuis maintenant deux mois, tout ce monde-là. Et le ministre de ci ou ça, et le banquier du coin (tous les banquiers sont du coin, ils trempent dans toutes les affaires) et la première et la deuxième et la troisième plus grande fortune du monde : pareil, faut pas se fier aux apparences parce que l’argent c’est beaucoup de souci, on risque gros. Je n’aimerais pas avoir à gérer un truc pareil, non Monsieur, pour rien au monde.


Et il n’y a rien à faire qu’il nous dit, l’autre !

Disons que nous pouvons aider les gens, les gens des pays en voie de développement par exemple, on les aime bien par ici, nous pouvons panser leurs plaies après coup, certains d’entre nous le font volontiers parce qu’ils ne peuvent pas rester plantés là sans rien faire. Je comprends, il n’y a rien à redire, c’est nécessaire pour ces gens en grande détresse et indispensable pour notre conscience à nous. Puis nous nous retournons et il y en a dix autres qui attendent, dix autres pays, dix autres populations massacrées, déplacées, exilées dans le dénuement le plus total, ils viennent jusque dans nos campagnes comme dit la chanson et tout ça pourquoi ? Parce que le FMI, parce que la Banque Mondiale, parce que la Communauté Européenne, l’OMC, l’OTAN et l’ONU qui se gratte les couilles. Mais aussi parce que nous continuons à écouter les medias qui nous parlent de leurs ronds de jambes et de leurs changements de cavalières, que nous continuons à voter pour des gens qui nous méprisent ou nous ignorent, que nous ne cachons pas notre gêne ou notre indifférence à l’égard de ce qui se passe dans notre propre rue, voire dans notre propre maison, sous notre toit, dans notre tête.


Nous pouvons en sortir. Mais pas nous en sortir. Nuance ! Ce que nous appelons « s’en sortir » c’est une amélioration notable de notre sort, une amélioration considérable peut-être, un changement radical dans nos habitudes dont nous nous attribuons en grande partie le mérite, mais ce n’est pas un changement vraiment radical aussi longtemps que nous nous en attribuons le moindre mérite.
Je parle d’une situation sans issue où, par orgueil, par obstination, par faiblesse de caractère, par désinvolture ou quelque autre tournure d’esprit, nous nous sommes retrouvés individuellement plus saucissonnés qu’un saucisson, pieds et poings liés devant le destin, Dieu, Allah, Jahvé, Brahma ou Mélissa, le grand amour de notre vie, cette salope qui nous tenait la dragée haute. Eh bien, même sans croire à aucune de ces puissances souveraines, un jour où nous ne croyions plus que cela était possible, un jour si improbable, si peu plausible, nous nous retrouvons projeté dans le monde que nous avions quitté sans même nous souvenir qu’il avait existé, celui de la bonne santé et de l’optimisme à tout crin, un monde qui nous accepte tel que nous sommes, qui ne nous juge pas.

 

 



06/04/2018
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