daredevil

Retour sur deux vieilles diapos (expo 1984 ou 86).

A gauche, mise en abîme, images dans l'image. Fenêtre, affiche de film d'horreur vue par la fenêtre, le tout saisi à travers un miroir qui éclate pour accoucher d'un foetus forcément sanglant, zoom arrière révélant un type qui visionne la scène sur un écran près d'un appareil de projection. Gouache 50 x 60.

A droite : gouache + collage, 30 x 45 environ. 

Vous vous roulez une cigarette, un brin de tabac vient à traverser le papier, vous aspirerez autant d'air que de tabac, il faut la refaire. A chaque fois, le tabac qui suffisait à la première roulée vient à manquer pour la deuxième. A chaque fois. 

Je sais pas vous, mais moi ça m'a l'air sympa chez ce gars.

'La Réalité en Face' page 12 :

L’apprentissage de la mort nous est proposé sur un plateau à travers celui de notre civilisation. Dur. Dur d’accepter que les cloches de nos clochers ne sonnent plus l’angélus, que nos champs soient cultivés par des crève-la-faim des pays de l’est, que la main d’œuvre de nos chantiers soit constituée d’ouvriers plus ou moins qualifiés de toutes origines payés au lance-pierre, nous savons que c’est déjà le cas et nous l’acceptons très bien, je ne sais pas en revanche pourquoi nous faisons un blocage sur le port du voile de leurs femmes et de leurs filles, à part que c’est moins coton pour les mater tranquille.

Notre civilisation arrive à son terme, lentement mais sûrement. Elle a eu de beaux et de bons moments, elle a aussi fait connaître les pires vicissitudes à nos ancêtres pour finalement faire de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Adieu les Lumières, adieu les révolutions, adieu les colonies, adieu le chantage nucléaire, adieu les grandes conquêtes de l’Espace, adieu à nous tous ! On ferme !

Eh bien, sommes-nous encore vivants oui ou non ? Pouvons-nous encore frétiller de la queue ou sommes-nous échoués comme ces fantastiques grosses baleines qui ne croient plus, à juste titre je crois bien, avoir leur place dans ce monde ? Entre parenthèses, des scientifiques ont une opinion différente à ce sujet - disons moins affective - je propose donc que les baleines survivantes viennent appuyer leurs hypothèses de tout leur poids sur leurs têtes fécondes en idées froides et qu’ils la ferment une bonne fois sous le poids de la réalité effective des choses et des êtres.

Nous sommes encore vivants, nous avons en tête de tracer notre vie si nous sommes jeunes, d’assurer nos arrières si nous sommes dans la maturité, d’assurer un confort relatif aux gens qui nous sont chers, ou de ‘rester jeunes’ (ce qui constitue une contradiction dans les termes), de ne pas se laisser aller pour le moins lorsque nous atteignons l’âge du rancart, de faire face à la mort avec décence.

Cela c’est la théorie. En fait, faire face à la mort avec décence est l’affaire de tout être à tout âge, nous le savons et n’en tenons aucun compte jusqu’à ce qu’elle nous cueille, nous, notre parent, notre ami d’enfance, notre chien ou nos inséparables. Elle nous coupera la tige et nous mettra dans un vase que d’aucuns appellent ‘purgatoire’ (‘les limbes’ pour les tout petits enfants innocents), le Styx pour les criminels les plus endurcis, et s’en retournera sans plus de façons.