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La mort en passant

Je vois une jeune femme noire passer parfois devant ma fenêtre de l'autre côté du trottoir, elle a la tête légèrement tournée de mon côté, telle la mort elle-même. C'est une petite femme noire, d'apparence insignifiante, c'est pourquoi elle me fait penser à la mort. Il y a de l'éclat parfois dans la vie, la mort est une passante sans signe distinctif. Je vous dis ça parce que je l'ai déjà croisée, le genre de croisement qui défrise. Non, je ne m'en souviens pas.

 

Je suis un mec normal par ailleurs, je m'apprête à aller acheter un fromage et une bouteille de crème de cassis à la boutique la plus proche, mes bon vieux chiens m'accompagneront une fois de plus pour cette corvée. J'ai ressenti la lourde chaleur de cette journée faussement orageuse, j'ai... Quelle importance ?  C'est juste ce vieux soleil de 20 h 30 qui me fait chier jusque chez moi. 

 

Un fromage et une crème de cassis, ç'a a l'air simple. Non. Y a ce type qui se précipite sur la deuxième caisse et je dis " Encore un qui a réussi à gratter une place ", et ma caissière au nez pointu qui dit qu'il était là avant mais qu'il s'était trompé, et moi, en tapant mon code " Quand on se trompe on se remet dans la file d'attente... Mais sans doute pas dans le règlement de Carrefour City ". Elle a raté son BAC et la voilà en train de gendarmer (c'est pas la première fois) dans une épicerie de quartier. Si j'étais dans une prison pour femmes, je redouterais de l'avoir pour matonne. C'est des femmes que la nature n'a pas gâtées physiquement et qui se vengent sur les autres en s'appuyant sur de réels ou supposés règlements. Et ce qu'elles pissent, c'est de la bile. 

Au retour, avenue Pasteur, un chien a aboyé dans un appartement et Cador a poussé ses gémissements habituels. Des pigeons ont survolé l'avenue gentiment, comme pour dire " Laisse pisser, mec ! " Je n'ai pas la tête au-dessus des nuages, j'aperçois juste parfois ce qui vole au-dessous.

 

Je ne suis pas hanté par la mort. Je vois les jours déclinant par ma fenêtre tous les jours et je ne pense jamais à la nuit qui viendra sûrement. Ni la nuit ni le jour ne m'inquiètent, je suis enfermé en eux alternativement, ils m'enveloppent comme un bébé dans ses langes. J'ai des jours comme ci, des nuits comme ça. Ils me portent en fait, et je me débats. 

 

rust 1.JPG

 

'Rust'

 

https://www.youtube.com/watch?v=gwdL_Zn5nCE

 

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09/06/2018
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